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Il y aura toujours un peu de blanc pour ceux qui veulent être entendus
Nico : Coucou, juste pour te dire je suis tombé par hasard sur tes pages et j'aime beaucoup tes interrogations et tes mots. Keep the head UP :)
choupi : I will try. Merci d'avoir laissé un mot, repasse quand tu veux :)
nico : nicobear@hotmail. fr lol. Je croyais que tu pouvais la voir
Nico : What happened miss no news ? Good news I hope :)
Carnetsfroids : Remets-toi à écrire. La vie doit continuer.
Nico : GIVE ME SOME NEWS PLEASE !
NicO : REVOLUTION POINT COM :)
penseeenvrac : hey, une rencontre joueb, ca te dit?? [Lien]
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penseeenvrac : RENCONTE JOUEB [Lien]
AzariahetBard : Hello. And Bye. cnmwnicmxricmx,e r mrfpwrermcegm ericmercmeecec
ererBoomY : Пр&#1 086;д&#1072 ;ю ак&# 1082;а&#109 1;нт& #1099; Youtube.com PVA
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[C'est long, et pourtant c'est condensé. Prenez votre temps.]
[Toutes les photos sont de moi, si vous souhaitez les utilisez pour une raison quelconque prevenez moi, merci]


Les souvenirs ne commencent pas comme d'habitude.
D'habitude c'est l'autoroute, c'est les aires d'autoroutes, c'est les sorties d'autoroutes, c'est le voyage aller.
Celui-ci a dû ressembler aux précédents à tel point que je n'en ai aucun souvenir. Faisait-il chaud? surement. Les kilomètres s'écoulaient probablement à cette lenteur maladive, la frontière franco-espagnole devait ressembler à la frontière, avec ses douanes et son espèce de pyramide inca qui veille sur mes vacances depuis ma naissance.

J'en sais rien, je m'en fous.
Les vacances commencent à Barcelone.

Mon père ayant repéré le chemin sur google earth une semaine à l'avance, on a trouvé le campus avec une facilité déconcertante. C'était grand, c'était calme. C'était plus ou moins vide, c'est pourquoi ils louent des studios l'été. C'était des grandes barres de logement se faisant face. On a hérité du studio D218 (je crois) et il s'est trouvé que le studio D218 est celui situé juste au dessus d'un des deux bars de l'avenue principale de la vila universitaria. Madre de dios.

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Le studio était un trois étoiles comparé à une chambre de cité u. Trois chambres, deux salles de bains, un relativement grand séjour et une cuisine intégrée qui faisait rêver ma mère.
Je ne sais pas qui a couché dans le lit que j'ai choisi avant moi mais au dessus de la table de nuit il y avait ce charmant autocollant:

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Il devait être 17 heures, quelque chose comme ça, alors on a fait un plongeon dans la piscine du campus. C'était bien, on l'avait quasiment pour nous tout seuls.
Le soir, après le repas, donc vers 22h à l'heure espagnole, on est sorti repéré les lieux. Le bar était plein mais relativement calme comparé au 'Francfort' l'autre bar de l'avenue, qui ne diffusait que de la techno. Les pelouses étaient jonchées de bouteilles de bierre et d'étudiants affalés les uns sur les autres. La grande classe. Il y avait sous une tonnelle deux filles et un mec qui avaient sortis dehors, avec un cady débordant de câbles, un ordinateur, des enceintes et tout le bordel pour faire un karaoké mais ils étaient seuls et se fumaient une clope tranquillement.
Plus tard ma sœur me racontera qu'un peu plus tôt dans la soirée l'un des mecs avait convaincu l'autre de grimper dans le cady; après quoi il l'a poussé dans la descente de la rue principale. (la suite ressemble étrangement à un gros cassage de gueule.)
Vers la piscine il y avait deux garçons assis sur les marches qui jouaient de la guitare. Là, c'est surement une question de gènes, mon père et moi on s'arrête tout net pour écouter, quitte à paraître indiscrets, tandis que ma mère et mes deux sœurs se rendent à peine compte que quelqu'un joue de la musique dans les parages.
Ils jouaient bien et mon père s'est lancé dans le chemin du 'bon vieux temps où les garçons attiraient les minettes en jouant de la guitare et non pas avec un karaoké'. Il s'est égaré un certain temps dans ce genre de propos jusqu'à ce qu'on atteigne le terrain de foot. Il n'y avait que des français,-bordel pourquoi les français préfèrent-ils le foot à la guitare?- entre 12 et 20 ans je dirais. Aucune idée de ce qu'ils faisaient là. Ils jouaient très peu, se gueulaient beaucoup dessus, se donnaient toutes sortes d'indications stratégiques et n'en suivaient aucune. Comme mon père braillait je ne sais quelle connerie patriotique ils n'ont pas tardé à nous repérer. Là, et ça me fait toujours sourire quand j'y pense, ils se sont mis à faire encore plus de bruit, à s'asperger d'eau, et comme c'était surement pas tous les soirs que trois filles en jupes les regardaient jouer ils se sont mis à enlever leur tee shirts d'une manière on ne peut plus explicite. Je vais surement me reconvertir en pompom girl.
Après ça on est rentré, on s'est couché avec le spot du bar dans la gueule, la musique dans les oreilles. Vers une heure du mat tout était redevenu calme, il n'y avait plus que les miaulement des dizaines de chats nourris par les étudiants. Tous noirs les chats.

Le lendemain commence très tôt, trop tôt pour des vacances. Mais pour ma sœur (la grande) ce n'était pas vraiment les vacances puisqu'on était à Barcelone pour qu'elle rencontre un ami de son prof d'histoire pour bosser sur son master. Alors on est parti tôt pour la ville mythique, et histoire de s'immerger, on a pris le train de banlieue. Des travailleurs finissaient leur nuit sans être réveillés par les arrêts fréquents du train, précédés de la voix nassillarde et automatique qui annonçait les stations. D'autres lisaient les journaux gratuits  avant de les abandonner sur leur siège. Ce jour là ça parlait, entre autre, je n'ai lu qu'un article, des films d'horreur. Dire que j'ai promis à quelqu'un qu'un jour je verrais 'Saw'.

On est arrivé en plein coeur d'une Barcelone encore à moitié endormie, du moins dans laquelle tous les touristes dormaient encore. C'était magique. Les camions de livraisons approvisionnaient les boutiques, les balayeurs des rues discutaient entre eux.
On a déposé ma soeur aux archives et on est allé se perdre dans le quartier gothique. Gothique et gay. Et gai. A cette heure là il n'y avait que des gars couverts de tatouages dans les rues, c'était un peu flippant, très fascinant. Dans un jardin public où les clochards dormaient encore sur les bancs, d'autres débutaient la journée par un joint. Ailleurs, dans une ruelle, des hommes accroupis par terre dessinaient des rails sur leurs poignets avec de la poudre blanche.
On est allé prendre un café et des churros dans une éspèce de boulangerie, il y avait des hollandais qui parlaient très fort et une très vieille femme qui essayait de vendre des babioles. Bizarrement ça a complètement traumatisé ma mère. On avait beau lui répéter qu'ils envoient justement les grands mères pour émouvoir et faire plus de pognon, elle avait la gorge serrée et croyait voir sa propre mère.
Après ça on est reparti errer dans les rues dégueulasses de Barcelone. Je n'ai jamais vu de ville aussi sale. Les trottoirs, les murs, dès qu'on quitte les remblas, tout sent la pisse. On a visité une église, on allait encore en faire trois dans la journée, mais les overdoses d'églises on en fait jamais trop. "habla con Dios y apaga tu mobil".
En fin de matinée on est passé au marché, où, au delà des fruits et légumes, ce sont les couleurs qui se vendent.
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Vers midi les nuages se sont enfuis et le soleil d'enfer à commencé à taper tandis que les rues s'emplissaient de touristes.
On a encore fait plusieurs kilomètres dans le centre ville, d'églises en magasins de souvenirs en passant par divers monuments médiévaux
. Grand désavantage de la peau blanche. Les vendeurs te collent l'étiquette à 10 mètres et t'arnaquent autant qu'ils peuvent sur les prix. Ce qui ne manquait pas de vexer ma mère, presque aussi blanche que moi et pourtant fille d'espagnols.
 Aux alentours de 14 heures on a échoué dans un macdo bondé, suant, puant la friture, avec les chaises en plastique qui collent aux cuisses à se promettre qu'on ne mettra plus jamais un short de sa vie.
Tandis que mes parents payaient au rez de chaussé ma petite soeur et moi tentions tant bien que mal de reservé une table près d'une fenêtre au premier. Il y avait un monsieur français, avec deux enfants qui ne devaient pas avoir plus de 5 ans, qui avait l'air complètement paumé. Quand il a entendu que j'étais française il m'a demandé si je pouvais jeter un coup d'oeil aux petits pendant qu'il allait commander quelque chose en bas. Les deux gosses avaient l'air terrorisés par un punk criblé de piercing à une table d'eux, alors je leur souriais de temps à autre.
L'après midi on s'est posé un peu sur une place où un vieil homme jouait de la guitare. C'était si beau que j'ai laissé mon appareil photo en mode caméra pour emprisonner les notes. (mais je viens de revoir la vidéo et on entend quasiment rien).

Plus tard on s'est trainé jusqu'au port mais la chaleur devenait trop accablante pour qu'on continue à suivre la promenade, le long de laquelle des Noirs essayaient de te refiler des fausses lunettes D&G, sur le qui vive, près à remballer leur baluchon si la police se pointait.
 On a échoué dans le musée d'histoire de la catalogne où j'ai rigolé pendant une demi heure avec ma mère qui se plaignait de l'absence cruelle de bancs pour se poser, voire de fauteuils roulants pour se déplacer d'une pièce à l'autre. Le musée est tout sauf rasoir, il est fait pour intérésser les enfants, et par là même les adultes, qui ne l'oublions pas restent de grands enfants et préfèrent se hisser sur un cheval de bois haut de 2 mêtres (j'ai failli me casser la gueule, dieu merci je ne fais pas d'équitation) que se fader de longs textes (en catalan) sur le moyen âge.
Il y avait même des reproductions d'armures que l'on pouvait essayer. Ma soeur a enfilé un haume qui pesait deux tonnes et mon père a failli resté coincé dans une armure. J'avais mal au ventre tellement je riais et les touristes chinois qui semblaient les seules autres âmes vivantes dans le musée nous regardaient bizarrement. On a passé un temps fou dans les première salles si bien qu'on s'est fait la suite au pas de course, Franco et les années 50.

En fin d'après midi on a retrouvé ma grande sœur dans le parc aux clochards. On a marché un peu sur les remblas pour se rendre à la gare, juste le temps de se dire que c'est beaucoup trop touristique et que c'est chiant de devoir porter son sac à dos sur le ventre pour éviter de le retrouver vide.
On a repris le train, aussi morts que tous les banlieusards qui rentraient chez eux. Quand la voix grésillante à annoncé 'bellaterra' j'ai dit aux autres qu'il fallait descendre, que c'était là, et mon père m'a répliqué que non, c'était celle d'après. Bien sûr j'avais raison, on est descendu une station trop loin et histoire de s'achever on a dû marcher dans la terre poussiéreuse jusqu'au campus.
En soirée on est ressorti acheter des billets de train pour ma soeur, à la bonne station cette fois. Mon père nous a tous fait beaucoup rire en inventant une histoire autour du "bouton stop". En fait, pour rejoindre la gare il faut traverser un peu de forêt et la nuit, c'est un peu lugubre et pas très rassurant. A la moitié du chemin dans la forêt il y a un poteau avec un gros bouton rouge qui est censé être utilisé en cas d'urgence pour joindre la policia. Comme ma mère n'arrêtait pas de répéter qu'elle n'aimerait pas se trouver là toute seule mon père plaisantait en  lui disant que si elle était poursuivie dans la forêt et qu'elle courrait assez vite elle avait une chance d'atteindre le bouton stop à temps, mais que de toute manière c'était pas la peine qu'elle se fasse des fantasmes pareils personne allait la poursuivre.

Le lendemain ma soeur a repris le train seule pour retourner dans les archives financières de la couronne d'Aragon et le reste de la famille est parti en voiture voir un petit village dans les environs.
Ce jour là, pas l'ombre d'un nuage. Le village aurait pourtant été un milliard de fois plus beau sous la pluie. Le matin on a profité du marché qui s'étalait dans les ruelles, je me suis acheté un sarouel noir pour trois fois rien, on a posé une dizaine de questions sur tout et n'importe quoi à la fille blonde, trop maquillée, trop cruche, de l'office de tourisme juste pour profiter de sa clim, puis mes parents se sont enguelés parce qu'ils n'arrivaient pas à décider d'un endroit où pic niquer (ouais ça craint je sais).
Finalement on a mangé à coté d'une colonie de vacances, ma mère a somnolé après le repas, ma soeur arrêtait pas de se plaindre et mon père faisait semblant d'être passionné par un dépliant. J'ai forcé tout le monde a bouger, on a fait que quelques mêtres (à l'ombre) jusqu'au café le plus proche (climatisé). Là, on a vu défilé 5 par 5 tous les gamins de la colo, chaque petit groupe accompagné par un moniteur, et je ne pouvais m'empêcher de m'imaginer à la place du jeune homme espagnol qui essayait de faire genre qu'il maîtrisait les choses alors que ses gamins hurlaient dans tous les sens les parfums de glace qu'ils voulaient. ça va être cool le bafa la semaine prochaine.
Ma mère a écrit des cartes postales et on est reparti. Je ne sais pas trop comment, au départ on comptait rejoindre Barcelone, on s'est retrouvé en haut d'une montagne dans un des lieux les plus atypiques que je n'ai jamais vu.
Il y a en haut de cette montagne une grande basilique avec à son sommet un christ les bras ouverts, inspiré de celui de Rio. C'est très baroque, très espagnol, des statues rococo, des dorures... et au pied de cette église il y a un parc d'attraction. Un manège et une grande roue à l'ancienne, et d'autres promettant plus d'adrénaline, des vendeurs de barbe à papa, de pop corn juste sous le regard de Jésus.

C'est le paradoxe espagnol. Tradition et modernité. Eau bénite et cannabis légalisé. Dans le même esprit je repense à une vitrine dans une rue d'une ville, je ne sais même plus laquelle: sur la rayon du bas il y avait ces horribles attrape poussière kitsch à en mourir, des statues de jésus avec le cœur qui rayonne, son visage en faux bronze couvert d'épines et de sueur, des gros crucifix... Sur le rayon du milieu il y avait des petites figurines pour les mariages, kitsh là encore, le marié qui tient la mariée dans ses bras, des trucs du genre. Et puis sur le rayon du haut il y avait des figurines pour les mariages homo, deux petits bonshommes en costard qui se donnent la main.
 
Bon. Photos du haut de la montagne. (Heureusement qu'il y a les photos. Elles me rappellent ce que j'oublie, et puis c'est tellement plus simple les photos. Pour une immense majorité de personnes les mots ne sont pas à la hauteur des images.)

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Le soir ma soeur était complètement découragée, ses recherches n'avançant pas, et le campus tombait en ruine. Le piscine était interdite d'accès, l'eau avait pris une charmante couleur verte pour cause de trop de chlore d'après le maître nageur. Je me suis douchée à l'eau froide -maman y a plus d'eau chaaaude-, j'ai horreur de ça même quand j'ai cru mourir de chaud dans la journée.
Après le repas
on a commencé une partie de tarot mais on a très vite été déconcentrés par le boucan qu'il y avait au bar. Une vingtaine d'étudiants s'était fait installé une longue table juste sous nos fenêtre et ils fêtaient leurs adieux et les dures années de labeur et de soirées au bar qu'ils avaient passé ensemble dans cette fac. Ils se remettaient des écharpes à la miss france et des faux prix du genre 'le plus gros flemmard'. Pour chaque personne un mec faisait un discours en catalan et les autres criaient des 'olé' à chacune de ses phrases. On s'est vites amusés à se joindre à leur euphorie et malgré quelques loupés (mon père qui fait un retentissant 'olé' alors qu'en bas il y a un grand silence) on était plutôt dans le rythme.
Et puis les serveurs du bar leur ont gentiment fait signe de partir, c'était bientôt minuit, et simultanément il y a eut une coupure de courant générale. On s'est retrouvé dans le noir. ça n'avait pas l'air de géner les fêtards qui continuaient à se marrer sans remarquer que le grand spot s'était éteint. Mon père et ma grande soeur sont descendus harceler un gardien pour savoir ce qu'il se passait et pendant ce temps j'étais accoudée à la fenêtre et je regardait les étudiants former une grande ronde en s'attrapant tous par les épaules. Ils ont chanter 'ce n'est qu'un au revoir' (et le "ce n'est qu'un au revoir" en question était en français, le reste de la chanson se perdant dans les exclamations et le brouaha) j'avais envie d'être avec eux.
Ma mère s'est douchée à l'eau froide et à la lampe de poche, on arrête pas le progrès, et je sombrais dans le sommeil quand tout à coup le spot de la terrasse du bar s'est rallumé et m'a réveillée.

Le lendemain on est allé à Montserrat. Pour ceux qui ne connaissent pas c'est un grand lieu de pelerinage chrétien, pas autant que Saint Jacques de Compostelle mais pas loin je pense.
C'était assez décevant comparé à la première fois où j'y avais mis les pieds, il y a des années de ça. C'est peut être parce que depuis j'ai revu mon opinion sur la religion.
Il n'y avait rien de mystique. Rien que des touristes engraissés à la cafet qui faisait la queue dans l'église pour voir la fameuse statue de la vierge noire. (Statue soit disant miraculeuse dont le bois est noir. Les scientifiques ont depuis longtemps expliqué que c'est une réaction chimique qui a fait noircir le bois.)
Sur le parvis de l'église il y a des dessins gravés dans le sol, des espèces de cercles et divers signes religieux. Dans la journée j'ai vu au moins 5 personnes se déchausser et s'agenouiller dans le cercle du milieu, levant les bras au ciel et se donnant allègrement en spectacle.
Pour je ne sais quelles raisons, j'ai accepté d'aller voir la statue avec ma mère et ma petite soeur alors que mon père et mon autre soeur ont refusé et sont sortis s'oxygéner l'esprit. On a fait la queue trois quarts d'heure.
Il y avait quelque chose de fascinant à regarder les touristes, les uns après les autres, s'avancer devant la statue, poser leur main sur le globe terrestre que tient la vierge et qui dépasse du caisson de verre dans laquelle elle est enfermée, rester immobile quelques secondes puis céder leur place au suivant.
Quand on est enfin arrivé près de la statue ma mère a conseillé à ma soeur de prier pour des gens qui lui sont chers et je me suis retenue de leur dire que c'était ridicule tout ce bordel et que pour prier pour quelqu'un ça ne sert à rien de faire trois quarts d'heure de queue. Ma soeur a posé sa main sur la terre et puis elle s'est depechée de redescendre de l'estrade. Je n'y suis même pas montée, j'ai regardé la statue pendant quelques secondes, d'en bas, et la seule pensée qui me venait à l'esprit c'était que le globe terrestre devait être immensément crade et plein de microbes au rythme d'une main toutes les trente secondes.
Et puis ma mère s'est avancé, à poser sa main, et elle est restée au moins une minute, soit beaucoup plus que le temps moyen du croyant moyen, et je m'impatientais de l'autre coté, méprisant en bloc la statue, les imbéciles qui venaient la voir, la religion qui masque la croyance, cette église stupide et ma mère.
On est redescendu par l'autre coté, tout le long du chemin des centaines de cierges payant brulaient. Et puis on est passé dans la salle des ex votos. Là encore j'ai ressenti ce mélange de mépris et de fascination.
Pour remercier la vierge il y avait des fleurs, des béquilles par dizaines, des vêtements de bébé, des robes de mariées suspendues le long d'un mur, des photos par centaines, et puis sur une table un amas de fonds de poches, stylos, mouchoirs en papier, porte clefs, que les touristes ont crée au fil du temps, à force de se sentir obligés de déposer une petite offrande.

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Je me suis toujours dit que le jour où je voudrais remercier le ciel j'achèterais de très beaux tee shirts neufs pour enfants et j'irai les déposer dans le petit magasin du centre ville qui vend à prix symbolique, où depuis mon enfance ma mère dépose des cartons avec nos habits usés.

Heureusement au delà de ce beau coup monté il y a le cadre. Montserrat est situé au sommet d'un tas de rochers qui a bien failli faire rendre l'âme à la voiture à la montée. Des cailloux comme des dents de scie entourent le monastère. On a pic niqué face à une très belle vue et j'ai nourri un petit chaton noir avec mon yaourt à la noix de coco. Aaaah je veux un chat comme çaaa... en plus il n'aimait que moi et avait peur des autres dès qu'ils approchaient.

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L'après midi on a visité l'expo sur le monastère, diaporama gnangnan à l'appui, et on a fait les boutiques de souvenirs. La première fois que je suis allée à Montserrat je devais avoir 8 ans et là seule chose dont je me souviens c'est les rayons des boutiques de souvenirs où s'alignent des miniatures de la vierge à perte de vue.
On a trainé entre la cafète et les boutiques à s'en rendre dépréssifs, j'ai vu une femme qui tenait contre son ventre un petit chien dans un porte bébé et un garçon français qui m'a prise pour sa soeur de dos.
Finalement, la seule chose que je voulais voir, le musée de peinture, on ne l'a pas vu, trop cher. Dommage. Il y avait des originaux de Dali et plusieurs autres très beaux tableaux à en croire les cartes postales.

Au retour, dans la voiture, mon père a un peu ralé, mais j'écoutais noir désir au mp3 et déjà cette journée de désilusions n'avait plus d'importance.

Le soir on s'est baladé un peu sur le campus, dans le restaurant quatre étoiles il y avait une personne, une seule, un gros monsieur qui mangeait seul avec la vaisselle dans une pièce magnifique. On a regardé les étoiles dans le ciel, jouer au foot avec un cailloux et vu par les fenêtres illuminées des filles qui se maquillaient et des garçons qui débutaient une soirée costumée. A l'entrée de notre batiment des jeunes avaient collé une affiche "busca las tres diferencias". Il y avait une photo du hall du batiment et une photo d'une benne à ordure.
J'ai proposé à ma soeur de coller la même chose dans sa coloc à Lyon, on a rit, et après ça elle m'a raconté les fausses couvertures de 'Martine' qu'elle avait vues sur internet avant notre départ. Martine à l'aéroport qui va prendre l'avion et qui adresse un signe de la main en guise d'au revoir, sourire au lèvre, devient "Martine à encore raté son test ADN".

Une nouvelle nuit, un matin trop rapide, et charger la voiture à la lumière encore douce de l'astre dans les rues désertes à l'heure où Barcelone dort encore...

Au bout de l'autoroute il y a encore un peu de vacances.
Plus que 600 kilomètres.
Plus que 600 lignes.

 
Ecrit par choupi, le Samedi 16 Août 2008, 17:52 dans la rubrique "(pour de vrai)".


Commentaires :

  lili
30-08-08
à 18:34

merci!

Mercii pour toutes ces lignes, je me suis fait une joie de tout lire ;-) j'aime lire tes mots, et puis, à travers eux, je te connais mieux..

Les photos, c'est vrai, sont belles et complètent bien tes mots. j'adore toutes les couleurs du marché :-).

Ca a l'air d'avoir été de bonnes vacances, dans un mélange de chaleur, de visites, de découvertes, et le tout en famille. J'ai aimé le musée, les gars à la guitare ^^, ou au foot, et le voyage que tu m'as fait faire à travers ce pays pour moi si peu connu, pour toi si familier.

 Je comprends le mélange de mépris et de fascination pour la vierge noire. Comme pour mon voyage à Lourdes, où je ne comprenais pas pourquoi les gens se mettaient ainsi à genou devant la vierge, et passait tour à tour dans la grotte, à l'endroit où elle est apparue et où coule la source, la touchant de leur main.. mais c'est impressionnant de voir leur recueillement, leur ferveur, leur foi.. d'observer leur visage.. leur sourire.. ces milliers de personnes, ces centaines de bougies qui brulent, et tant de miracles.. J'ai jugé, j'ai eu le coeur dur, froid. Et puis j'y suis retourné avec cette handicapée et toute l'hospitalité et les malades, et là, ce fut incroyable, j'ai accueilli le mystère avec le coeur, et j'en ai été bouleversé. Moi-même je me suis mise à genou, moi-même j'ai touché la grotte.. et tout cela avait un sens que j'ignorais avant.. et peut-être une autre fille devait me regarder sans comprendre pourquoi..