c'est entre parenthèses dans un temps qui n'existe pas. Noir désir

Le 483 ème monde était décidemment bien insipide.

Des champs de ruine qui s'étendaient à l'infini.
Key leva les yeux vers l'air, pollué. Des papillons de nuit tournaient lentement dans le ciel comme pour une danse funèbre, un ultime hommage à cette terre qui avait un jour été.
Key savait très bien que tout n'avait pas toujours été comme cela. Qu'avant une civilisation entière avait bati ces murs à la force de ses bras. Mais il savait aussi que les murs étaient l'image même de la fragilité.
Que séparer les êtres par des murs c'était choisir la facilité, mais qu'au final rien ne pouvait vraiment séparer les hommes.

Alors Key chassa un papillon de nuit et celui-ci comme tout les autres tomba en poussière. Et Key se mit en marche.
Il ne se souvenait pas avoir été un jour aussi seul, aussi désemparé et abandonné à lui même qu'en cet instant. Le silence servait de tombeaux aux ruines.
Key marcha longtemps mais rien ne changeait. Les ruines étaient partout pareil, toujours le même aspect rugeux, sale, oublié, enseveli par la poussière de temps. A chacun de ses pas il soulevait du sable qui était arrivé là on ne savait trop comment. C'était un sable noir comme de la lave séchée, qui grissait sous ses bottes et lui avait sali les mains lorsqu'il l'avait touché.

(way to the sea by objectix)

Et dans ce 483 ème monde, le plus insipide qu'il connaissait, le plus mort, le plus abimé, le plus irrécupérable, Key trouva la vie.
Elle s'était fait discrète, et avait pris l'apparence d'un petit animal chétif, craintif, qui gisait sur le sable.
Il n'était pas encore mort, et au milieu de ce cimetière c'était le "pas encore" qui comptait. Key prit l'animal et le plaqua contre son torse sous sa veste, là où l'air impur ne pourrait plus l'atteindre.
Il n'avait pas dit un mot, il avait préféré sauver une vie qui était peut être la dernière.
Et il marcha encore longtemps dans ce monde où le soleil ne se couchait jamais pour laisser un répit à cette terre éssouflée, desséchée.
Le petit animal s'atait débattu au départ, croyant sauver sa peau peut être dans un dernier effort. Puis il s'était résigné, sans savoir qu'il était bien plus à l'abris sous la veste qu'ailleurs.
Mais à présent il ne bougeait plus, il devait dormir.

Key n'était pas fatigué. Il aurait simplement voulu être ailleurs. Un ailleurs moins étouffant si possible. Plus vert aussi, avec du bruit, de la musique, et des enfants qui se chamaillaient.
Il se souvint de tout cela, mais il su que ce n'était qu'un souvenir.
Il s'assit sur une ruine, puis il se releva et se posa dans le sable noir.
Il ouvrit sa veste avec précaution et en sortit le petit animal.
Il était mort.
Alors Key ne pleura pas mais il lui donna un nom. Et comme il aimait bien ça, il l'appella mandarine.
Et dans sa tête il mit une majuscule. Mandarine. Voila c'était ça et c'était bien.
Mandarine avait d'abord eut un sauveur, une veste puis un nom. Il n'était plus seul, il partait plus heureux.

Key dormit un peu, pas parce qu'il en avait besoin, mais parce qu'il en avait envie. Il se dit que, comme ça, il ferait peut être venir la nuit et les étoiles dans le ciel. Elles étaient absentes depuis trop longtemps.
Et elles lui manquaient.
Il crut voir derrière ses paupières closes une constellation, un vent frais, de l'herbe, et une petite main qui se glissait dans la sienne.
Mais quand il ouvrit les yeux il n'y avait rien, rien d'autre que le soleil, la terre, le sable, les ruines, et le cadavre d'un animal.
Si bien que Key se mit à pleurer. Pas beaucoup et en silence, parce qu'il sentait bien qu'il n'avait pas le droit de briser le silence.
Il se rappella la mer, et le sable blanc, ce gout de figue dans la bouche de cette fille, l'odeur de l'alcool qui accompagnait toujours ces instants là, où le ciel riait, où le monde entier, pas celui là, riait et tournait tournait tournait, tellement qu'il s'éffondrait sur le sable, si doux si blanc, et que l'ivresse le submergeait.
Il se rappella la douceur de son poncho, la douceur des nuages au crépuscule et la douceur des mains de sa mère.
Il se rappella sa mère et il pleura encore.

Quand une se ses larmes toucha le sol, il ne regardait pas. Il regardait le ciel, si menaçant, terrifiant, mortel, à cet instant là, et ce fut dommage.
Il ne vit pas la larme s'écraser sur le sable noir faisant jallir l'espace d'une seconde ce qui ressemblait à une petite constellation.

(inauguration d'un nouvelle rubrique: "sans sens". C'est pour quand j'ai envie d'écrire quelqu'un chose qui n'a rien à voir avec rien, une histoire ou n'importe quoi d'autre qui peut paraitre un peu "déplacé" sur mon blog. J'éspère que vous avez bien aimé.)

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