Il y aura toujours un peu de blanc pour ceux qui veulent être entendus
Nico : Coucou, juste pour te dire je suis tombé par hasard sur tes pages et j'aime beaucoup tes interrogations et tes mots. Keep the head UP :)
choupi : I will try. Merci d'avoir laissé un mot, repasse quand tu veux :)
nico : nicobear@hotmail. fr lol. Je croyais que tu pouvais la voir
Nico : What happened miss no news ? Good news I hope :)
Carnetsfroids : Remets-toi à écrire. La vie doit continuer.
Nico : GIVE ME SOME NEWS PLEASE !
NicO : REVOLUTION POINT COM :)
penseeenvrac : hey, une rencontre joueb, ca te dit?? [Lien]
penseeenvrac : sondage sur les dates pour la rencontre joueb : [Lien]
penseeenvrac : RENCONTE JOUEB [Lien]
AzariahetBard : Hello. And Bye. cnmwnicmxricmx,e r mrfpwrermcegm ericmercmeecec
ererBoomY : Пр 086;да ;ю ак&# 1082;аm 1;нт& #1099; Youtube.com PVA
Та&# 1082; же ес&# 1090;ь мн&# 1086;гl 6; др&# 1075;иm 3; ак&# 1082;оk 4;: со&# 1094;. се&# 1090;еl 1;, по&# 1095;тl 6;ви& #1082;о
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Le café est noir, le sang est rouge.
--> {nouvelle pourrie sortie des tenèbres de mon esprit}
Du sang, du sang sur les doigts, sur les lèvres, sur les mains. Les paumes ensanglantées qui brouillent de rouge le miroir pour ne jamais plus croiser ce regard qui a perdu sa lumière un matin d'octobre. Il y a une fourmi qui grimpe le long du mur au papier peint jauni par la cigarette et la lumière sale de l'ampoule qui pend à un fil nu, au centre de la pièce.
Paris, les arbres rouges le long des avenues, une terrasse, un café noir, des souvenirs. Octobre, la lumière du soleil qui semble si lointaine en cette saison même lorsqu'elle vous caresse le visage. Pas de chaleur. C'était comme ses caresses à lui. Froides.
Le matin se lève derrière la fenêtre et dans les premiers éclats de soleil le sang sur le miroir paraît orange. C'est étrange, c'est presque beau. Elle pleure.
Le marc de café au fond de la tasse. Une minute qu'elle le contemple. Elle n'ose plus lever les yeux. Au dela de sa frange c'est encore Octobre, c'est encore Paris, c'est toujours ce couple de petits vieux qui marchent lentement dans l'allée là bas.
Un réveil qui sonne. L'appartement d'à coté surement. Il y a des gens qui vont aller travailler aujourd'hui, demain aussi, peut être même après demain avec tous ces horaires décalés, et cette crise.Même qu'en France, on a pas de pétrole, mais on a des idées. Elle le sait, elle l'entend tous les jours quelque minutes après le réveil qui sonne, quand les voisins déjeunent avec la radio. Elle n'ira plus travailler. Surtout pas après demain. Elle n'ira plus nul part. Ou alors juste au parc en face. Parce qu'il y a un banc. Un seul. Il est vieux. Il est usé. Il est fatigué. Elle l'aime bien quand même.
Il était vieux aussi. Pas vraiment vieux. Mais il avait une grosse ride entre les sourcils. C'était peut être parce qu'il était soucieux en fait. Parce qu'il n'était pas si vieux. Même s'il portait des chandails qui devaient dater de l'entre deux guerre. Il était usé en tout cas. Il avait fait toute la vie en quarante cinq ans. Il avait bien quarante cinq ans non? Par delà la tasse de café il y avait ses mains. Elles étaient posées l'une sur l'autre. Un peu ridées aussi, le bout des doigts jaunis. La cigarette.
Elle aime bien le papier peint tout à coup.
Et puis surtout, il y avait les cicatrices. Au debut, elle avait eut du mal à les regarder. C'était facile, on regarde les gens dans les yeux, pas dans les mains. Et puis ça c'était compliqué quand il lui tenait la porte du théatre, quand il lui tendait sa veste, quand l'avait prise par la main. Mais ce jour d'Octobre elle avait fixé les cicatrices . Le café et les cicatrices. C'était toute sa vie à lui. Il y avait elle aussi, un peu, c'est pour ça qu'il avait essayé de relever son visage pour qu'elle regarde autre chose que sa tasse. Mais finalement elle comptait beaucoup moins que les cicatrices.
Monsieur part au travail, il claque la porte fort, comme tous les matins. Madame va lever les enfants. Mon dieu qu'ils sont mal insonorisés ces murs. Fallait pas vivre dans ce immeuble minable sous les toits aussi. Il avait un jour laissé sous entendre qu'un jour encore plus lointain il n'y aurait plus d'immeubles, il y aurait une ferme ailleurs, dans un ailleurs loin de Paris, où ils élèveraient des chèvres et des enfants. Elle essaie d'imaginer qu'elle vit la vie des voisins. Les enfants de l'autre coté de la cloison se disputent. L'ampoule au plafond tremble au bout de son fil.
Il avait réglé la serveuse pour les deux cafés. Et puis il avait réussi à lui faire lever le regard. Il avait sa ride entre ses sourcils, et quelques unes aux coins des lèvres quand il parlait. Il lui avait dit qu'il partait, qu'il ne voulait plus de Paris, c'était une ville qui lui faisait encore plus mal que les cicatrices, parce que, vois tu, le souvenir de la douleur est souvent plus poignant que le douleur elle même.
Le soleil est tout à fait sorti à présent. Le sang commence a sécher.
Il n'avait pas évoqué la ferme, les chèvres, les enfants. Il ne lui avait pas dit qu'elle l'avait rendu heureux cette année durant, qu'elle était belle dans la lumière d'Octobre, qu'il aurait voulu qu'ils soient le couple agé qui passait. Il n'avait rien dit à propos du théatre, de leurs rires, de leurs nuits. Il n'avait pas sû expliquer ses caresses froides comme le soleil, à cause de ses mains tremblantes, à cause de ses mains abimées, à cause de ses mains bléssées, souillées.
Elle se fait du café, doucement. La chambre sent le café et le fer à présent.
Il n'avait pas non plus parlé de son avenir à elle, il ne lui avait pas dit qu'elle trouverait un autre homme, parce qu'il ne voulait pas la voir dans les bras d'un autre. Il n'avait pas dit qu'il avait mal, et qu'il aurait voulu changer son passé et leur avenir, il n'avait pas dit qu'il l'aimait. Elle le savait.
Le café lui brule la langue et la anse de la tasse est rouge.
Elle savait qu'il l'aimait, qu'il souffrait, qu'il avait toujours souffert, mais qu'il souffrait encore plus cet octobre là, parce qu'il n'était plus rien, qu'il n'était plus rien après toutes ces années, qu'il était tellement diminué. Elle savait qu'il tout donné, tout, pendant la guerre. Et qu'il regrettait de ne pas avoir donné plus, encore plus. Plus que ses mains, plus que son avenir, plus que tout ce qui aurait fait de lui un homme normal, un homme qui aurait aimé cette femme sur la terrasse, qui l'aurait emmenner vivre dans une ferme avec des pommiers en fleurs. Loin de tout engagement, elle le savait, sa vie n'avait plus de sens et ce monde en crise qui s'effondrait sur lui même n'était pas pour lui. Il était jeune pendant la guerre, le lendemain de l'armistice il était devenu vieux. Il n'avait que 17 ans mais il était vieux. Sa ride. Ses mains. Elle avait imaginé sa vie au sortir de la guerre, quand tout le monde tachait de se reconstruire. Il avait été admiré, adulé, des fillettes avaient caressé ses mains meurtries avec admiration. Pour beaucoup il était un sauveur. Mais lui il savait qu'en 1945, les vrais héros, ils étaient tous morts. Alors il s'en voulait. Et en ce matin d'Octobre, sur cette terrasse ensoleillée, 28 ans après, il s'en voulait encore. Bien sûr il n'avait pas parlé quand la gestapo s'en était prise à ses mains. Il n'avait pas craché un nom, pas un lieu. Il était jeune et il n'avait rien dit. Mais quand les autres, ceux qu'il admirait tant du haut de ses 17 ans, ceux qui avaient le droit d'avoir un pistolet, ceux qui connaissaient les renseignements et les mots codes à la radio, ceux qui lui disaient de faire le guet à tel coin de rue sans lui donner d'explications, quand ceux là l'avaient fait échapper de sa cellule... Et bien après après... après il avait eut peur. Tellement peur de retourner dans la salle de torture, tellement, tellement, qu'il n'avait plus rien fait. Il avait passé des heures caché, il avait été envoyé en province, on lui avait donné le nom d'un autre réseau de résistance, chez un certain monsieur H., il n'y était jamais allé. Il n'avait jamais trahi les autres, jamais, il n'aurait pas pu. Il s'était enfermé dans le silence pendant les trois mois qui précédèrent la libération, et il avait fait comme tout le monde, il avait cessé de vouloir mourir pour les autres, il avait essayé de vivre pour lui même.
Il ne s'en était jamais remis.
Et puis il y avait eut la reconstruction, et le baby boom, et le monde qui décollait et qui changeait, et tout qui allait plus vite d'un coup. Il avait vécu, et un jour il avait avait eut 40 ans, puis 2, puis 3, et il y avait eut cette fille. Elle était tout ce qu'il aurait aimé avant, avant ses 17 ans, avant la guerre, avant d'être devenu complètement vide et inutile. Mais ce jour d'Octobre, il avait compris que les hommes de l'ombre ne reparaissent jamais plus dans la lumière. 30 ans après la guerre c'était toujours pareil. Il ne fallait pas s'engager, pas promettre, pas aimer. C'était son chef qui lui avait dit. Ne jamais vouloir donner ce qu'on a pas, et quand on a choisit la liberté on a rien d'autre, rien à offrir, on doit rester instable, effacé, toujours près à disparaitre, remplaçable.
Elle se souvient. Il s'était levé, avait frolé ses cheveux, mais pas avec sa main, avec sa joue. Et puis il lui avait dit de ne pas le chercher, il n'avait laissé aucune adresse, et il lui avait dit adieu, et il était parti.
Elle sait aujourd'hui qu'il a eut raison, qu'il a toujours eut raison. Qu'elle ne savait rien cet octobre là, qu'elle était si jeune, elle qui n'avait pas connu la guerre, qu'elle n'avait pas su le comprendre. Il y a du sang partout mais aujourd'hui elle sait que le souvenir de la douleur est plus poignant que la douleur elle même. 30 ans depuis ce matin d'Octobre. Elle n'a jamais eu aussi mal, il n'a jamais été aussi absent. Elle a du sang sur les mains.
Elle n'a jamais connu son nom, c'était un homme anonyme, il avait toujours voulu l'être. Elle n'a jamais connu son nom jusqu'à hier. Une femme, une vieille femme est venue jusqu'à cet appartement miteux qu'elle n'a jamais quitté. Elle lui a dit que c'était lui qui avait voulu qu'elle vienne, il lui avait dit de monter à Paris voir si l'appartement minable existait encore, si c'était toujours la même propriétaire 30 ans après. Il voulait qu'elle transmette un message. C'était les dernières choses qu'il a dit, à dit la vieille femme.
La vieille femme, c'était sa femme, elle ne lui a pas dit, mais elle a deviné. La bague au doigt, les larmes aux yeux. Il est mort hier. Il s'appellait Gaël. C'était son dernier message. Elle l'aime encore.
Le café est froid. C'est son coeur qui saigne.
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AboveTheClouds
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C'est dingue. T'es vraiment trop doué. T'as jamais été à Paris non? Et jamais connu la guerre ni la vieillesse ni les cicatrices Et pourtant t'en parles trop bien... Un jour elle sera publié; il ne peut pas en être autrement, elle est magnifique, elle est émouvante et bien conduite. Tes personnages sont vrais, ils ont l'air d'exister en dehors de la nouvelle, d'avoir une vie propre. Elle se lit d'un trait, du début à la fin, pas comme on boit un café, à petites gorgées, mais comme on boit un verre de sirop à la menthe un après midi d'été.
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AboveTheClouds
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C'est dingue. T'es vraiment trop doué.
T'as jamais été à Paris non? Et jamais connu la guerre
ni la vieillesse
ni les cicatrices
Et pourtant t'en parles trop bien... Un jour elle sera publié; il ne
peut pas en être autrement, elle est magnifique, elle est émouvante et
bien conduite. Tes personnages sont vrais, ils ont l'air d'exister en
dehors de la nouvelle, d'avoir une vie propre. Elle se lit d'un trait,
du début à la fin, pas comme on boit un café, à petites gorgées, mais
comme on boit un verre de sirop à la menthe un après midi d'été.
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lunye
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C'est génial ! digne d'un grand auteur. Tu es vraiment faite pour ça. Faut que tu continue, j'en veux encore !
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choupi
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Merci les filles mais c'est pas grand chose, et puis je l'ai écrite d'une traite sans la relire ou la retravailler d'où quelques incohérences, mais bref on s'en fout. *mal au crâne* Bonne fin de vouikend, (et voui, y en aura surement d'autres ^^) (et non c'est pas digne d'un grand auteur et ce sera jamais publié ^^) mes chères poulettes! (Et ouais K. ton ordi est pourri mais on lui pardonne c'est un nordique ^^)
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choupi
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Vous avez eut le courage de tout lire au fait? OO (chockeeeed!)
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Le-locataire-du-3e
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Il était temps que je dépose un obole. C'est bien le passage de l'autre côté du fleuve. J'ai des fourmis dans les mains et le sourire aux cils. Vorrei dire...
Hommage ! Six fois hommage à Saphô perdue sur la concrete jungle ! Six fois hommage à la pure évidence de l'écriture jetée ! Six fois hommage à toi qui retourne l'inchamboulable ! Six fois hommage à ton nom et à tes mains !
(Désolé, je suis en train de relire Senghor et je suis une éponge)
J'ai mieux à répondre. Tu le liras sur de la cellulose.
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lili
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je dois bosser et je passais içi en coup de vent mais je n'ai pas pu m'empecher de la lire jusqu'au bout. Poignant. C'est dingue. Comme si tes doigts avaient écrit tout seul une histoire qui a peut-etre existé. C'est fou ça!^^ allé gros bisous ma artiste en herbe, c'est une fort belle et triste nouvelle, magnifiquement écrite.
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à 21:40