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Mon frère était un singe

[Petite nouvelle. Je fais un blocage sur les cicatrices apparement.]

" Mon frère était un singe.

Il grimpait aux troncs, trouant les genoux de ses pantalons, s'agrippait aux branches, râpant le bout de ses doigts, et me décrochait des pommes, des poires ou des cerises.
Il me les offrait et c'était pour moi des étoiles qui venaient de là haut, de ces hauteurs inaccessibles que seuls connaissaient les dieux et les singes.
J'aurais pu connaître un dieu.

Lorine du village connaissait un dieu. Elle m'en parlait souvent pendant qu'elle lavait sa poupée dans le lavoir. Je n'aimais pas le lavoir. Il y faisait trop froid à l'ombre des pierres et puis ça sentait la vase et le savon, les têtards et les filles.
Moi ce que j'aimais c'était après. Quand on s'asseyait près du moulin, que Lorine tressait les cheveux de sa poupée. Elle l'asseyait sur son épaule, se calait contre le muret, et la poupée séchait au soleil, et nous séchions avec elle, et le soleil séchait tout, les cigales et les herbes folles, il se séchait lui même de toutes les larmes qu'il avait versé sur l'humanité depuis la nuit des temps, et nous étions tous ensemble, Lorine, la poupée, les cigales, les herbes, le soleil et moi, et nous étions heureux.


J'aurais pû connaitre un dieu. Mais je connaissais un singe.

Il avait sept ans de plus que moi, quarante centimètres de plus, neuf cicatrices de plus.

Pour les cicatrices ce n'était pas très grave, pensais-je.
Je connaissais un endroit formidable qui en laissait sur tout le corps. Oh, des petites, et des éphémères. Mais le temps d'une semaine je battais haut la main mon frère. Il se moquait, me disait que c'était des fausses et qu'il savait très bien où je les avais faites, au petit chemin qui mène chez la latière, là où il y a des ronces le long du ravin.
Je niais, il riait et me traitait de menteur, je niais encore, il essayait de me frotter la tête pour me mettre les cheveux dans tous les sens, je me défilais, il me poursuivait, riait, je me mettais en colère et j'en pleurais un peu d'humiliation, il me traitait de pleurnichard, je lui donnais des coups de pieds.
Il se laissait faire, un sourire aux lèvres pour faire croire qu'il n'avait pas mal.
Quand le jeu le lassait il lui suffisait de dire "allez Rémi, arrête, je vais te montrer les miennes".


Et ça marchait. Toujours.
On se laissait tomber dans la poussière, il retroussait le bas de son pantalon, enlevait sa chemise et me demandait de compter.
Alors du bout des doigts je suivais le tracé sineux des petites lignes blanches sur son corps. Je les connaissais toutes par coeur. Ma préférée c'était la longue sur l'un de ses omoplates. A chaque fois je m'attardais dessus et mon frère m'envoyait une tape de la main et m'insultait en rigolant. Alors il remettait sa chemise et tandis qu'il dessinait du bout des pieds des ronds dans la poussière il me racontait l'histoire.
C'était l'histoire, on l'appellait toujours comme ça, et c'était la seule que nous connaissions.

Il me racontait Papa.

Papa était grand, au moins autant que mon frère. "Et même plus" me disait-il parfois. J'avais du mal à imaginer, et dans ma tête Papa était un géant. Mon frére précisait toujours: Papa avait un pouce plus petit que l'autre, et des cheveux comme du poivre.
Papa était très courageux et très fort, au moins autant qu'il fallait que je le sois plus tard.

Mais une nuit d'aôut sa force et son courage ne lui avait pas suffit. Il y avait eu un gros orage dans la vallée, comme on en avait pas vu depuis des années. Papa était sorti mettre les chiens à l'abris dans la grange. Mon frère et Maman l'attendait anxieusement sur le pas de la porte. Moi j'attendais dans le ventre de Maman.
Et puis il y avait eu un éclair, du tonnerre à rendre sourd, Maman avait crié. Une tuile était tombée sur un des chiens, le préféré de mon frère. Le petit chiot gémissait, alors mon frère avait échappé aux bras de Maman, il avait couru sous la pluie, Maman avait crié, mais personne n'entendait son cri dans le vent.
Par contre tout le monde entendit le craquement inquiétant qui provenait du pommier.
Mon frère leva les yeux, Maman hurla, Papa se jeta sur mon frère, le poussa violemment vers la maison, et déjà le pommier tombait.


A ce moment là de l'histoire mon frère faisait toujours une pause.
On regardait ses cercles dans la poussière, et moi je pensais au dieu de Lorine.

Après l'orage mon frère avait une nouvelle cicatrice dans le dos mais il n'avait plus de Papa.
Il ne se souvenait jamais trop de la suite de ce mois d'aôut.
ça changeait selon les fois où il me racontait l'histoire.
Mais dans toutes les versions Maman pleurait beaucoup et des tas de femmes du village lui rendait visite lui apportant, à lui, des bonbons au réglisse.

Presque toutes les fois l'histoire finissait de la même manière.
Mon frère se mettait à parler de plus en plus irrégulièrement, j'attendais ses phrases longtemps, m'ennuyant un peu pendant ces longues minutes de silence.
Puis il venait un moment où la nuit tombait, où plus aucun mot ne venait à sa bouche.

Alors c'était moi le grand. Je rabaissais l'ourlet de son pantalon, et je le tirais par la manche pour qu'il se lève.

On rentrait à la maison en frissonant un peu sous le coton, et les silhouettes des arbres me faisaient peur.
Mon frère me murmurait qu'il fallait les apprivoiser, et qu'un jour moi aussi je saurais décrocher les étoiles et que j'aurais de vraies cicatrices, et que d'encore plus haut que les arbres Papa serait fier de moi.

A la maison Maman nous grondait d'avoir tant tardés, et on devinait sur son visage qu'elle avait eu peur. Alors mon frère prenait sa voix la plus grave et lui disait qu'il m'avait raconté l'histoire pour qu'on oublie jamais Papa. Maman hochait la tête et elle le laissait trancher le pain.

Je voulais des cicatrices pour avoir moi aussi comme un cadeau de Papa gravé dans la peau.

Un matin je volais le couteau à pain dans le buffet, je le cachais dans ma besace avec la pommes que m'avait cueillie mon frère la veille, et je courais comme un criminel jusqu'au lavoir.
Il me fallait une cicatrice dans le dos, il me fallait une main pour la dessiner.

Je choisissais sans hésiter la main d'une personne qui connaissait un dieu.

J'entrainais Lorine jusqu'au moulin et sortais le couteau. Elle criait comme Maman avait dû crier en aout et j'avais l'impression que nous y étions.
Je la calmais et lui expliquais qu'il me fallait une cicatrice dans le dos et que c'était elle qui devait me la faire.
Lorine connaissait un peu l'histoire par son Papa à elle.
Elle ne disait rien et essuyait la lame du couteau avec un pli de sa jupe. J'enlevais ma chemise et courbait la nuque. Lorine posa la pointe du couteau contre mon dos, sans appuyer. Elle restait très longtemps comme ça, je la pressais, elle ne faisait rien, j'insistais, je criais. Les mains de Lorine tremblaient et le couteau aussi, il dérapa un tout petit peu et je sentis comme une piqure d'abeille.
Lorine se mit à pleurer, elle jeta le couteau dans les herbes folles et cacha son visage dans ma chemise.
On entendit plusieurs heures sonner au clocher, assis là.
Puis des nuages assombrirent le ciel. J'avais la chaire de poule mais n'osait rien dire. Lorine semblait s'être endormie, le visage lové dans mon vêtement, la tête sur les genoux.
Je l'appelais doucement, elle me fit un triste sourire, se leva, et essuya avec le coin de sa chemise les quelques gouttes de sang sur mon dos.
Il me semblait que je tremblais bien trop pour seulement quelques nuages dans le ciel.
Elle posa ses lèvres sur la toute petite blessure qu'elle m'avait faite, me fit renfiler ma chemise, sortit sa poupée et défit lentement les tresses.


Je partageais la pomme que mon frère m'avait donnée et je lui fis la promesse d'oublier Papa pour elle.
Elle fit non de la tête et me dit simplement que je n'avais pas de cicatrice mais un autre cadeau. Papa m'avait offert la vie.

Cette nuit là j'atteignais pour la première fois le haut du poirier du moulin.
De là haut le monde paraissait si petit et la lune si près.

J'étais un singe.

Je cueillais une poire et baissais les yeux vers Lorine. Elle levait les siens vers moi et applaudissait en riant.

J'étais un singe et je savais parfaitement à qui j'allais offrir ma première étoile. "



Ecrit par choupi, le Samedi 29 Novembre 2008, 19:49 dans la rubrique "(sans sens)".


Commentaires :

  alberto
alberto
01-12-08
à 18:01

Est-ce autobiographique ou pas ?

  choupi
choupi
01-12-08
à 20:34

Re:

Non pas du tout, je n'ai que des soeurs ^^

  alberto
alberto
02-12-08
à 08:30

Re:

Et ton papa est bien vivant ?

  alberto
alberto
02-12-08
à 15:34

Re:

Je voulais te dire, c'est incroyable comme tu es douée ! Plus que ça encore ! Tu es plus que douée ! Quelle personnalité ! 

  choupi
choupi
02-12-08
à 20:28

Re:

Comme ils disent au début des films "toutes ressemblance avec des personnages existants ou ayant existé ne saurait être que fortuite" ;)
Et merci pour le compliment, bien que ce ne soit qu'une petite nouvelle (donc vraiment pas grand chose, juste des lignes écrites d'un seul jet sans la moindre relecture.) Je suis heureuse que tu aies aimé en tout cas :)

  lili
02-12-08
à 21:11

j'adore et j'en serai presque jalouse ^^ parce que je n'arrive pas tant que ça à me détacher de ma vie quand j'écris (mais j'essayerai à l'occas' ;-)  mais tu as de beaux dons comme moi j'en ai les miens qui me sont propres, alors je souris, et je te dis bravo ma chère! :-)

  alberto
alberto
03-12-08
à 09:32

Re:

Je suis comme toi Lili dans ce domaine. Choupi, elle, arrive à se détacher nettement de sa vie quand elle écrit. Mais comme tu dis, à chacun ses dons, c'est très bien !

  choupi
choupi
05-12-08
à 12:16

Re:

Merci à tous les deux, et cultivez bien vos dons :) (un peu de soleil, un arrosage régulier et tout va bien :))